Clerks, les employés modèles ****, naissance d'un réalisateur geek

Publié le par Ender

CRITIQUE (DVD)

Dante, employé sérieux d'une supérette minable, est obligé de passer son jour de congé à son poste. Randal, son collègue feignant et obsédé, accompagné d'une galerie de personnages plus ou moins recommandables se chargent de lui tenir compagnie.

J'ai enfin pu mettre la main sur un DVD de Clerks. Faute de mieux, je me suis rabattu sur une version plutôt pauvre que j'ai trouvé sur un célèbre site de vente d'enchère. Apparemment, c'est la seule édition en zone 2, dont le principal inconvénient est de ne proposer que la VF. C'est plutôt dommage lorsqu'on connaît le débit verbal de certains personnages en anglais. Mais je suis passé outre grâce à l'envie de découvrir ce premier film de Kevin Smith, qui devient de plus en plus un réalisateur récurent de ce blog.

Ce qui est intéressant avec Clerks, c'est de voir que c'est la base de tout. Quand on a vu quelques-uns des films suivants de Kevin Smith, on comprend vite comment est né son style inimitable à travers son évolution. Ainsi, rien qu'avec une pauvre caméra noir et blanc, il a réussi à créer un univers délirant qui ne tardera pas à devenir culte. Sa force c'est de ne pas se contenter de faire une simple comédie, mais c'est de vraiment s'inspirer de la contre-culture pour décrire le destin d'une génération qui va connaître le déclin, tout en conservant une sorte de fierté factice.

Car comme d'habitude, ses protagonistes sont toujours aussi égocentriques. L'impeccable duo de personnages principaux passe donc son temps à parler de tout et de rien avec un aplomb formidable. Entre deux blagues de cul et une petite anecdote sur Star Wars, ils refont le monde à leur façon alors que leur situation est loin d'être brillante. Car lorsque l'un s'englue dans des problèmes sentimentaux sordides, l'autre passe son temps à rembarrer les clients. Cela souligne une certaine impuissance, mais c'est ce genre de comportements poussés à l'extrême qui rendent le film si drôle. Car les répliques jouissives ne cessent de fuser d'un bout à l'autre de l'épicerie pour nous offrir certainement une des meilleures comédies décalées de son époque. Encore que l'humour utilisé ici ne sera pas forcément du goût de tout le monde, et qu'il faudra une bonne dose de second degré pour ne pas réduire cette oeuvre à un ancêtre d'American Pie.

Surtout que le style de Kevin Smith ne s'étais pas encore vraiment affirmé comme aujourd'hui. Mais ce n'est pas un mal puisqu'il y a un charme d'époque très années 80. Toutefois, si on oublie vite la réalisation très cheap, on voit que certains thèmes et personnages ne sont pas encore bien développés. Ainsi les personnages féminins sont souvent réduits à une fonction symbolique, alors que la culture geek ne connaît pas encore la place qu'elle a aujourd'hui. Et surtout, les personnages de Jay et Silent Bob sont un peu sous-exploité pour leur début sous la caméra. Mais tous ces éléments permettent toutefois de mieux entrer dans l'histoire et d'éviter certains errements souvent un peu trop « personnal joke » qui cassaient un peu le rythme des réalisations plus récentes.

Huis-clos énergique, ce premier Clerks est donc une oeuvre maîtresse de son réalisateur. Le film dispose de ce charme indéniable qui fera de Kevin Smith, un des auteurs les plus atypiques de sa génération. En exploitant la contre-culture et en tissant un portrait peu glorieux d'une jeunesse qui se perd, il nous offre un grand moment de divertissement qui aura ouvert une nouvelle route vers un humour plus cynique. Il est donc dommage qu'il soit assez difficile de visionner le film et qu'on n'ait pas droit à la superbe édition collector disponibles aux Etats-Unis.

Voir aussi :

Du même réalisateur :

Critique de Dogma

Critique de Jay et Bob contre attaquent 

Critique de Clerks II 

Et :

Critique de Die Hard 4, retour en Enfer avec Kevin Smith



Publié dans Vu en DVD

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