Irina Palm ****, la quête salutaire de la Veuve Poignée
Pour payer le traitement de son petit-fils mourant, Maggie, une honorable grand-mère, se retrouve à "branler" des hommes à travers une cloison dans une boîte miteuse de Londres.
Voilà un programme qui pourrait paraître un rien scabreux, mais il n'en ait rien. Très vite, le réalisateur évacue même le malaise du spectateur en introduisant une légère pointe d'humour qui sappuie sur le contraste constitué par l'âge de Maggie et sa nouvelle profession. C'est d'ailleurs entièrement sur ce paradoxe que se construit ingénieusement le scénario. Ainsi, Maggie veuve passive et victime de la routine se transforme peu à peu à travers sa nouvelle condition. D'abord honteuse, elle va progressivement s'acclimater personnellement avant de se confronter à l'avis intransigeant de ses proches qui lui rappelle la dure réalité. Ainsi, ce cheminement glauque au premier abord se mue vite en quête identitaire. C'est cette lente transformation basée sur le sacrifice qui fait toute la force du film.
Pour incarner un tel personnage, le choix de Marianne Faithfull se révèle parfait. Son jeu tout en sobriété et en retenue permet d'apporter de la profondeur à l'histoire. Jamais elle n'en fera trop et trouvera toujours le ton juste pour apporter une incarnation digne de cet être honteux et fier à la fois. Elle est solidement secondée par Miki Manojlovic en proxénète cynique au grand cur qui lui apporte une véritable complémentarité. Evidemment, la mise en scène intelligente et discrète est à l'unission de ses deux personnages beignés par l'excellente bande originale de Ghinzu.
Au final, une excellente surprise qui redonne envie de s'aventurer vers ce genre duvres à mi-chemin entre le drame sentimental et la comédie sociale. Osé au prime abord, le portrait de cette femme drôle et émouvante retranscrit avec justesse la beauté et la dureté de la condition de mère et de femme. Dans ce sens, ce film sapparente beaucoup aux uvres dAlmodovar. C'est dommage que ce très beau film ne connaitra vraisemblablement pas une carrière à la hauteur de son immense qualité.
Vu au cinéma Eldorado, Dijon (21)
"Le petit oiseau va sortir"